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Jours de pêche en Patagonie

Posted on January 10 2013, 16:56pm

Categories: #isabelle goude

Jours de pêche en Patagonie

À la recherche d'un nouveau départ, Marco, la cinquantaine passée, décide de partir en Patagonie et s'initier à la pêche au requin. Ce nouvel hobby ne semble pas être l'unique raison de son arrivée dans la petite ville de Puerto Deseado...

Les Inrockuptibles

Jean-Baptiste Morain

En musique, on dit qu'il existe deux types de mélodistes : ceux qui vont vers la simplicité, et ceux qui vont vers la complexité. Carlos Sorin appartient à la seconde catégorie.

Télérama

Pierre Murat

En héritier du grand cinéma humaniste de jadis (...) Carlos Sorin filme une renaissance.

Le Monde

Thomas Sotinel

(...) la haute définition donne au film une autre ampleur en permettant aux paysages de Patagonie de se déployer à l'écran dans leur splendeur désolée.

Critikat.com

Marianne Fernandez

Avec "Jours de pêche en Patagonie", Carlos Sorin ne fait que rejouer une partition déjà connue, jolie mais trop simpliste pour être vraiment agréable.

Jours de pêche en Patagonie

Le film qui a fait connaître ce cinéaste argentin en France, il y a dix ans, s'intitulait Historias mínimas. Depuis, Carlos Sorin n'a fait que voyager léger : scénarios réduits à l'essentiel, mises en scène proches de l'épure. On se croirait chaque fois chez Tchekhov. Surtout avec ce héros aux grands yeux tristes et au sourire envahissant (on dirait un héros burlesque du muet) qui s'en va en Patagonie s'essayer à la pêche au requin. Revoir sa fille, surtout, trop longtemps ignorée, dédaignée... Moment sublime : devant cette étrangère qu'il ne sait ni mariée ni mère, notre burlesque triste, fan d'opéra, entonne, soudain « Che gelida manina »... Il lui chantait cet air de Puccini, jadis, quand elle était petite, quand le bonheur était encore possible, quand il n'était pas encore alcoolique. Passent alors dans les yeux de cette femme, durant quel­ques secondes, tout l'amour qu'elle éprouve pour l'homme qu'il a été et sa rancoeur pour celui qu'il est devenu...

Rien ne réussit vraiment au personnage, ni ses tentatives de pêche, ni ses retrouvailles familiales. Mais il ne se décourage pas vraiment. Dans cette petite ville immobile au nom prédestiné, Puerto Deseado (« Port-Désiré »), il rencontre de jeunes Colombiens rieurs et voyageurs, une boxeuse bolivienne enthousiaste en dépit des coups qu'elle prend et, dans un magasin de jouets, un chien en peluche qui rocke ferme en agitant ses grandes oreilles... Ça lui suffit. En héritier du grand cinéma humaniste de jadis — son regard tendre fait songer à Vittorio De Sica —, Carlos Sorin filme une renaissance. Un nouveau départ. — Pierre Murat

LA CRITIQUE TELERAMA LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 26/12/2012

Jours de pêche en Patagonie

En 2003, après une longue interruption, Carlos Sorin reprenait sa carrière de cinéaste avec Historias Minimas. Ce titre, que l'on peut traduire par Histoires minuscules était un programme auquel le réalisateur argentin se tient depuis. Jours de pêche en Patagonie est une toute petite histoire, celle d'un homme qui prend quelque jours de congés, loin de Buenos Aires où il vit, loin de la partie utile de l'Argentine où il circule, voyageur de commerce pour une firme de roulements à billes.

Marco (sans s, ce qui signale son origine italienne) est arrivé à Puerto Deseado pour pêcher le requin. La route a été paisible si elle n'a pas été sans encombre. Il a dû attendre des heures dans une station service perdue au milieu de nulle part que le camion-citerne vienne remplir les cuves. Carlos Sorin est un faux naturaliste. Il a perfectionné un art minutieux du scénario, fait de scènes d'exposition que l'on croirait saisies au vol mais qui apportent en fait au spectateur toutes les informations dont il a besoin pour comprendre ce qu'il fait là, il, le spectateur (il est venu au spectacle de la vie de ses semblables), il, le personnage (il va passer par des événements en apparence insignifiants qui vont changer le cours de sa vie).

Marco n'est pas pêcheur. Ses médecins lui ont conseillé de se trouver un hobby pour ne pas rechuter après une cure de désintoxication. Et s'il vient jusqu'en Patagonie pour s'essayer à la pêche en mer c'est que la dernière adresse connue de sa fille, qu'il n'a pas vue depuis longtemps, est à Puerto Deseado. Contrairement à Historias minimas, le titre de Jours de pêche en Patagonie est mensonger. Sans rentrer dans le détail des tribulations du protagoniste, Le vieil homme et la terre ferme aurait sans doute mieux convenu.

Ce film très court (à peine 80 minutes) repose sur l'antagonisme entre l'étonnement rêveur de Marco et la réalité massive, bruyante, des hommes et des femmes dont il croise le chemin. L'entraîneur d'une boxeuse professionnelle, un patron de bateau de pêche, l'animateur d'une station de radio locale, une infirmière prennent tout de suite une réalité immédiate (ce sont des amateurs qui occupent dans le film la position sociale qui est la leur dans la vie). Seule la confrontation entre Marco et Ana, sa fille, est traitée sur un mode dramatique plus classique, qui s'appuie sur le métier des deux seuls comédiens professionnels du film.

Comme dans Historias minimas, Sorin joue également sur l'opposition entre l'insignifiance des épisodes de la vie quotidienne et l'immensité des paysages patagons. Depuis 2003, la technologie des petites caméras (nécessaires pour capter le jeu de comédiens inexpérimentés) a considérablement évolué. Naguère, la mauvaise définition de l'image donnait l'impression (illusoire) d'un film amateur. Aujourd'hui, la haute définition donne au film une autre ampleur en permettant aux paysages de Patagonie de se déployer à l'écran dans leur splendeur désolée. C'est aussi un péril, car l'insignifiance et l'artificialité des histoires qu'aime à conter le cinéaste ressort plus nettement.

Thomas Sotinel - Le Monde.fr | 25.12.2012

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